Festivals

Cornouaille


 

Un film de Anne Le Ny

Avec : Vanessa Paradis, Samuel Le Bihan, Jonathan Zaccaï

 

Synopsis

Odile est une jeune femme indépendante et rationnelle à l'existence bien réglée. Pourtant, alors qu'elle prend possession de la maison de sa tante dont elle vient d'hériter en Bretagne, la réalité, petit à petit, commence à lui échapper… Est-ce l'endroit qui est hanté ? La mémoire d'Odile qui, en se réveillant, lui joue des tours ? Ou bien Loïc, son prétendu "ami d'enfance retrouvé", qui l'entraîne vers d'étranges chemins ? Dans les brouillards de cette Cornouaille mystérieuse, rien ne se passe comme Odile l'attendait...

 

 


 

Critique de Maël

Pour commencer, tout l'intérêt du film réside dans l'évolution de son personnage, dans un environnement qu'on pourrait qualifier de somptueux mais morbide, la Cornouaille, d'où le nom du film.

Encore enfant, elle a assité à la mort assez violente de son père, un taumatisme qui l'a changé profondément. Puis un brusque déménagement vers la capitale, aura balayé cet épisode et enterré ses troubles et cette épreuve. Elle a démarré une nouvelle vie, en échappant à ses douleurs plutôt que de leur faire face, mais par la force des choses elle s'est refermée sur elle même, ne pouvant s'épanouir car entravée par ces plaies jamais refermées.
C'est en revenant sur ses terres d'origines que ses traumatismes vont reprendre vigueur, elle va reprendre conscience de tout ça, et repartir de là où elle était partie, comme si elle recommançait sa vie là où elle s'était arrétée...
Elle est totalement désarçonnée, ses repères s'effondrent un à un, elle se débat sans savoir comment s'y prendre, et elle recolle laborieusement les morceaux à travers ses réminiscences, et des apparitions de proches décédés...

De notre côté de spectateur le ressentit est particulier. On est baladé dans un brouillard assez pesant : le réel et le mystique se confondent, à travers ces apparitions de morts dans des situations réelles. Du genre : son père décédé qui vient boire un café dans un bar avec elle. Ce mélange de réel et d'onirique donne une connotation très spirituelle à l'action, comme si chaque scène avait des implications bien plus fortes qu'on ne peut l'imaginer. Alors on cherche en vain une finalité dans cet imbroglio, mais il n'y en a pas d'autre que l'ouverture à la vie et à la joie de Odile. L'atmosphère est rendue grave, tout au long du film, par cette veine recherche de dénouement, qui nous donne une impression de stagnation, de longueur. Et c'est voulu ! Les rebondissements, les décors, les musiques et dialogues, tout est très cohérent, et renforce cet ambiance. Pour le coup ce n'est pas juste susciter l'émotion pour susciter l'émotion, c'est la trainer et la faire suinter. On sent une envie permanente de rendre ambigu, de chercher à compliquer, de mettre en doute tous les acquis.
C'est encore une fois une histoire de goûts et de couleurs, et ça l'est d'autant que le lyrisme est marqué et assumé. Personnellement je n'ai pas du tout accroché, chez moi cette atmosphère a clairement viré à de l'ennui pour ne pas dire à de l'accablement. La performance de Vanessa Paradis n'a pas arrangé le tout, elle peine souvent à convaincre, et son personnage ne l'aide pas, elle transpire de mollesse et aurait bien besoin d'énergie et de légèreté, même si ça reste pertinent avec le film, reste qu'il faut y adhérer. Les personnages secondaires sont plutôt bien intéprétés, mais contribuent surtout à nourrir le vague de l'intrigue plutôt que sa consistance.

Pour conclure je dirai que ce film est un drame lyrique particulier, spirituel, sombre et fort. Une ode à la vie qui peut-être agaçante en ce qu'elle allourdit la vie et ses implications, pour finalement rendre hommage à tout ce qui fait ses richesses, joie, légèreté spontanéité... dans une fin pourtant à peine réjouissante.

Ma note Speed : SSSSS