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Le Hobbit : un voyage inattendu


 

Film de Peter Jackson

Avec : Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, plus

2012 - 2h45min

 Synopsis

Dans "UN VOYAGE INATTENDU", Bilbon Sacquet cherche à reprendre le Royaume perdu des Nains d'Erebor, conquis par le redoutable dragon Smaug. Alors qu'il croise la route du magicien Gandalf le Gris, Bilbon rejoint une bande de 13 nains dont le chef n'est autre que le légendaire guerrier Thorin Écu-de-Chêne. Leur périple les conduit au cœur du Pays Sauvage, où ils devront affronter des Gobelins, des Ouargues meurtriers et des Sorciers… Bien qu'ils se destinent à mettre le cap sur l'Est et les terres désertiques du Mont Solitaire, ils doivent d'abord échapper aux tunnels des Gobelins, où Bilbon rencontre la créature qui changera à jamais le cours de sa vie : Gollum.

 

 

 

Critique de Sören 

Cela faisait longtemps que l'on attendait le nouveau né des adaptations des oeuvres de Tolkien. Il faut dire que l'idée de mettre en scène Bilbo Le Hobbit était venu à Peter Jackson bien avant Le Seigneur des Anneaux, mais la réalisation de celui-ci avait été préféré par les producteurs car plus "bancable". C'était une épopée et le cycle central de Tolkien donc c'était plus accessible. 

Et la patience ça paye parce que je ne suis pas déçu. Les ingrédients de la précédente trilogie sont au rendez-vous, suspense, action, effets spéciaux, humour.

J'émettais une crainte, l'apparition de Golum. Je voyais mal comment on pouvait réintroduire ce personnage alors que les spectateurs restaient sur une sensation d'histoire achevée et pourtant on le redécouvre avec plaisir, tout en nuance, effrayant, amusant et même touchant. La partie de devinette avec Bilbo est juste parfaite, exactement comme dans le livre.

Certes le film traîne parfois en longueur et va un peu loin dans le clownesque, la scène des géants de pierre et la capture des Nains par les Orques est légèrement surréaliste, on frôle la mauvaise série B. C'est un passage un peu long qui aurait mérité d'être écourté, le film n'en aurait été que plus fluide.

Peter Jackson prend certaines libertés mais lorsqu'on adapte un livre aussi dense et détaillé que Bilbo le Hobbit, il faut s'attendre à ce que soit rectifiés, transformés ou travestis quelques éléments, somme toute mineurs d'ailleurs, quelques artifices scénaristiques qui permettent une plus grande fluidité. La transcription sur grand écran n'étant pas chose aisée, il se peut que les "aficionados" et les lecteurs de la première heure tiquent à la prononciation du nom de certains personnages, au fait que Peter Jackson est purement et simplement inventés certains passages. Ou que pour des raisons de mise en scène, il en ait trafiqué certains pour leur donner plus d'importance ou au contraire la diminuer.

Si je prend l'exemple des nains, il y a tout un travail pour obtenir des personnalités distinctes, des caractères, des statures, même si certains sont secondaires, ils ont tous un moment à eux dans le film. Dans le livre cinq des treize nains ne doivent pas avoir plus d'une page de dialogue... a eux tous. Ceci est un choix narratif de Tolkien, mais Peter Jackson est un professionnel de l'image, il peut s'affranchir de ses contraintes et distribuer les dialogues aux personnages qu'il souhaite au gré de ses envies. L'important étant que la personnalité des principaux nains soit conservée, celle de Thorin en premier lieu. 

Pour d'autres raisons, purement graphiques, le staff a changé certains caractéristiques des personnages (couleurs des cheveux, des vêtements, armes), ceci est le passage obligatoire quand on confie la réalisation à une personne aussi singulière que Peter Jackson. Sinon autant demandé aux héritiers de Tolkien de faire le film.

Un mot sur les acteurs, Martin Freeman est très convainquant, né pour devenir un hobbit oserais-je dire ? Richard Armitage inove dans le rôle du chef des nains sans peur et déterminé, il offre une alternative à la vision des nains touffus, compacts et rustres. Eh oui, un nain c'est composé à 90% de poils (une moyenne), c'est aussi large que haut et pas très bien élevé.

C'est aussi une vraie introduction au Seigneur des Anneaux, il nous permet d'en apprendre plus sur la montée en puissance de Sauron, l'esprit pernicieux de Saroumane, les raisons de la folie de Gollum après la perte de son "préciiiiiiiiieux", même s'il était déjà cinglé avant !

Si on compare ce travail à d'autres adaptations de best-seller de la littérature fantastique complètement bâclées et qui frôlant l'hérésie auprès des lecteurs (Harry Potter, Eragon), le réalisateur néo-zélandais ne s'en sort pas mal du tout et même plutôt bien.

Ma note Speed : SSSSS

 

 

Critique de Ludo Jacob

Tout d'abord, commençons par un retour en arrière. Souvenez-vous de l'énorme trace que laissait derrière elle l'adaptation du Seigneur des Anneaux. Par « trace » j'entends bien entendu la fortune (plusieurs millions de dollars) que la New Line Cinema doit encore aux héritiers et ayant-droits de Tolkien pour l'adaptation du SDA. Un compromis a été trouvé au terme d'un long conflit juridique et de plusieurs procès : pour rembourser ses dettes la New Line produira Le Hobbit au cinéma. Voilà la trace laissée par le Seigneur des Anneaux. Voici le contexte dans lequel s'ancre la production du film. Alors oui, P. Jackson pensait surement de longue date à adapter Bilbon, mais au final, le Hobbit est bel et bien un investissement pour qu'une société de production puisse faire amende honorable.

Les choses replacées dans leur contexte, pour le moins douteux, critiquons le film. Oui, je suis un ayatollah de l'oeuvre de Tolkien, aussi ne suis-je peut-être pas objectif. L'oeuvre du maitre est dense certes, celle du Seigneur des Anneaux l'est davantage et trois films aux mêmes mesures avaient suffis (pour les moins exigeants) à en faire le tour. De plus, l'adaptation du Trône de Fer nous a montré que complexité extrême et adaptation très réussie pouvaient aller de pair.

Alors quel est mon avis ? Du très mauvais saupoudré de bon. Le prologue sait mettre en situation l'histoire. Il est de la même qualité que celui du SDA, Bilbon remplaçant Galadriel à la narration. Le jeu des acteurs est bon, surtout Martin Freeman, Bilbon qui tire son épingle du jeu. Ian McKellen en revanche est assez décevant en Gandalf. Alors que sa performance était l'une des meilleures du SDA. Finissons avec LE point fort de ce film à mes yeux, la scène des énigmes entre Bilbon et Gollum, juste formidable.

Je ne m'appesantirai pas à faire la liste des digressions de Jackson et des entorses faites à l'adaptation, tant elles sont nombreuses et de piètre qualité. Radagast, n'apparait pas dans le livre mais son l'ajout aurait vraiment pu insuffler quelque chose au film. Seulement c'est raté. Le personnage est profondément ridicule, comme son souci de l'entretien de la forêt. Ridicule et inutile, les passages avec Galadriel le sont aussi, pleins de mielleux et surjoués. Les nains ne sont qu'une série de clichés destinés à remplir les attentes de chacun. Alors évidement les stéréotypes vont bon train : les deux beaux gosses, l'idiot du village, le vieux sage, le brun ténébreux, le gars baraqué et bourrin... Et puis il y a LE point faible, incarné en Azog, l'orque blanc estropié par Thorin qui le poursuit par désir de vengeance, bref c'est Voldemort avec une main en moins, sans la magie et monté sur un warg, un désastre. Cette vendetta stupide et ridicule, sorte de fil rouge abscons, affaiblit l'oeuvre, privilégiant l'histoire purement personnelle de haine entre les deux personnages, et diminuant l'importance accordée à la profondeur de la quête réelle.

Bref, du moyen avec du mauvais et l'impression d'avoir vu un mauvais Narnia.

Ma note Speed : SSSSS