Festivals

World War Z

Les zombies ont la cote. Inutile de le nier. Le succès récent du comics The Walking Dead et de son adaptation en série pour le petit écran est là pour nous le rappeler. Trois ans après le début de la publication des comics, Max Brooks sort son World War Z en 2006, adapté, pour un écran aux dimensions plus larges cette fois, pour le mois de juin 2013. Alors, du déjà vu ? Tout était-il déjà écrit sur les zombies ? Les mangeurs de chair humaine peuvent-ils encore nous surprendre ?

 

 

Alors l'histoire. Imaginez un paysage post-apocalyptique classique. Le genre de vision que l'on peut retrouver dans n'importe quel film de zombies. Villes fantômes, autoroutes couvertes de voitures abandonnées, magasins pillés, des morts-vivants partout, et surtout le silence, ce silence angoissant... Mais non rassurez vous ! Tout cela est loin derrière nous ! L'humanité, qui a frôlé l'extinction, a survécu et, rassemblée en petits nombres de survivants, tente de se reconstruire. Gerry Lane, notre personnage principal (terme qui convient mieux que « héros » ici), est envoyé par la Commission post-traumatique des Nations unies parcourir le monde entier afin de récolter les témoignages de survivants pour rédiger un rapport à soumettre à la nouvelle ONU. Il va rencontrer (chez eux, sur leur lieu de travail, dans les hôpitaux où ils sont soignés...) des acteurs de cette immense Guerre des zombies, dont le lecteur voit, au fur à mesure des pages et des souvenirs condensés, se dessiner le déroulement. Le premier témoignage, par exemple, nous envoie en Chine, écouter un médecin de village, l'un des premiers à avoir découvert les symptômes. On apprend notamment que l'Etat chinois, en voulant dissimuler les prémices de cette crise sanitaire, participe en fait à sa propagation. Ensuite ? La panique. Des gens infectés (par morsure, de manière classique) pensent trouver leur salut dans la fuite, emportant en réalité le virus avec eux.

Les chapitres s'enchainent, plus ou moins longs, et les voyages aussi. Le monde entier est ainsi parcouru, des lieux densément peuplés aux recoins les plus reculés du globe. Le lecteur frissonnera en particulier du récit terrifiant donné par un survivant d'une petite colonie établie dans l'une des catacombes de Paris...

L'auteur dans cette oeuvre fait preuve d'une imagination extraordinaire. Habituellement, les histoires de zombies sont de celles auxquelles on repense en cherchant des explications rationnelles. L'une des forces du roman est de les fournir. En effet, toutes les explications fournies sont étayées de manière scientifique (rapport pour l'ONU oblige) et on y croirait presque. L'auteur pense vraiment à tout. Pour ce faire, il s'appuie largement sur la géopolitique mondiale actuelle. En réalité, et de manière la plus objective possible, après avoir lu cette oeuvre, vous vous direz forcément « une épidémie de ce type, dans notre monde actuel, se déroulerait obligatoirement de cette façon », et ce malgré les innombrables scénarios imaginés dans ce registre jusque-là. Par exemple, la Chine, comme dit précédemment, est le lieu privilégié de la propagation par son régime qui ne laisse que peu filtrer les affaires de politique intérieure. De même, Israël parvient à tirer son épingle du jeu car c'est un Etat constamment sur le pied de guerre et qui a su développer ses outils de collecte d'informations. Mais justement, si l'on parle d'Israël, quid de la Palestine dans ce contexte ? Ne cherchez pas, Max Brooks répond à vos questions !

Ce qui rend l'oeuvre si particulière est sa forme. Aucune action. Ou plutôt des actions que l'on vit par procuration à travers la succession de témoignages. Une idée originale et qui permet de s'émanciper de la figure classique du héros, puisque le personnage principal n'est en réalité qu'un faire-valoir qui justifie la forme. Pas de héros non plus, car le maximum de pages laissées à un personnage pour s'exprimer n'est pas supérieur à une vingtaine. Autre atout et pas des moindre : la forme oblige le récit ne pas se centrer uniquement sur les Etats-Unis (très peu au final), comme habituellement dans le genre, et ça ça fait du bien !!

Ce livre (vraiment excellent vous aurez compris) laisse un goût de trop peu. Il se lit très vite, beaucoup trop vite, et on voudrait une suite. Malheureusement, le format que prend le livre rend une suite impossible, sauf à faire un second recueil de témoignages qui n'apporterait rien puisque les grandes étapes du fléau sont déjà connues. L'adaptation prévue pour juin 2013, avec Brad Pitt dans le rôle du Gerry Lane, prend visiblement un certain nombre de libertés avec l'oeuvre originale, puisque la bande annonce laisse voir Brad Pitt prendre part active aux événements et l'histoire se concentre sur lui. Ce n'est pas (hélas ?) un enchainement de flash backs comme le livre se prêtait à être adapté. Le film retire donc ce qui fait du livre une oeuvre si singulière. Néanmoins, je serai probablement dans les premiers à rentrer dans les salles sombres... 

 


Mark Brooks, l'auteur du livre