La Famille Bélier

 Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte.

 

Interview du réalisateur Éric Lartigau à l'hôtel des Rives du Ter

 

SPEED : D'où vous vient l'idée de réaliser un film sur une famille malentendante ? Aviez-vous été sensibilisé à cet handicap ?

Éric Lartigau : Je voulais faire un film sur la famille et j'étais engagé sur le film avec la production. J'ai rencontré par hasard les producteur, Éric Jehelmann et Philippe Rousselet qui m'ont parlé d'une famille malentendante et cela m'a touché. Tout tourne autour de Louane, la séparation, la contradictions, la peur, l'adolescence, le corps n'est pas fini, on a la tête dans les épaules, j'aimais bien observé ça, comment un corps et un esprit évoluent. S'autoriser à s'émanciper. Le point de vue des parents m'intéressaient.

SPEED : Le langage des signes à une syntaxe inversée par rapport à la langue française, la difficulté était majorée pour Louane ?

Éric Lartigau : Oui, c'est un peu "tempête sous le crâne". Elle oralise des mots qui ne correspondent pas aux signes.

 

 

SPEED : N'était-ce pas trop difficile pour les acteurs entendants de ne pas parler ?

Éric Lartigau : Non parce que tout le corps s'exprime, chaque signe doit être en accord avec l'expression du visage, c'est tout une nouvelle manière de communiquer. On parle deux langues en France en fin de compte : le français et la langue des signes, mais celle-ci on ne la connait pas ! Des sourds me disent que grâce au film, nous mettons un pont entre eux et l'extérieur. Après certains disent pourquoi vous n'avez pas pris des acteurs sourds ? Parce que ce n'est le propos, c'est un prétexte la surdité ! 

SPEED : Le duo Damiens-Viard, vous l'aviez vu dans "Rien à déclarer" ? Cela vous a-t-il influencé pour le choix des acteurs ?

Éric Lartigau : Non même pas, je n'avais pas vu le film, je savais qu'ils avaient joué ensemble. Pour le rôle de la mère, je voulais un électron libre, une maîtresse-femme, coquette, plantureuse et qui soit crédible en agricultrice : Karine a une palette tellement large qu'elle peut jouer le rôle d'une "bourge" ou celui de ce film. Pour le père, je voulais un personnage un peu bourru, intérieur, retenu, mais avec une poésie et une fantaisie et François à cela. J'ai la chance de visualiser l'acteur qu'il me faut quand j'écris le scénario. Éric Elmosnino c'est de même, il m'est venu à l'esprit quand j'ai écrit ses dialogues.

 

 

SPEED : La variété française incarnée par Sardou dans votre film, une passion ?

Éric Lartigau : En fait tout est parti de la chanson "Je vole" qui est le cadre de l'histoire. Il a lu le scénario, il y a a deux ans, on avait la trouille qu'il refuse, parce qu'il devait donner son accord et on a cherché d'autres chanteurs populaires, mais on ne trouvait de chansons aussi marquantes que "Je vole" et par bonheur il a accepté. Il a vu le film, il y a quinze jours, ça c'est très bien passé, il m'a fait une analyse de film pertinente et très positive au téléphone. 

SPEED : Vous avez des projets sur le feu ?

Éric Lartigau : J'ai une comédie sociale et un drame ! Je ne sais pas vers lequel je vais aller !

 

Interview réalisée par Zorg

Lire la critique du film ici : La Famille Bélier

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