La vie d'Adèle
Durée : 187 minutes
La vie d’Adèle, auréolé de la Palme d'Or à l'unanimité du jury au Festival de Cannes 2013, est un véritable chef-d’œuvre !
Il présente toutes les qualités pour devenir un incontournable du cinéma français. Les personnages d’Adèle et Emma, remarquablement bien interprétés par Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sont complexes, crédibles, et captivants. |
Le personnage d’Adèle, à fleur de peau, dont on suit l’évolution de ces 15 ans jusqu’à l’âge adulte, et qui derrière sa douceur et sa fragilité, cache une violence explosive, se cherche, se révèle et s’épanouit, avant de se déchirer violemment sous nos yeux. Emma, sûre d’elle et charismatique, nous charme grâce à son assurance et son excentricité d’artiste. Elles nous touchent, nous ébranlent. Leur rencontre est une confrontation entre deux mondes opposés : Le milieu artistique d’Emma et la famille modeste d’Adèle. Ce qui n’empêche pas une véritable passion, compliquée, mais surtout enflammée et actuelle.
Ce film comporte des scènes époustouflantes de réalisme. Comme la scène de rupture, d’une intensité incroyable, ou encore la scène de «réconciliation » et surtout d’adieu. Qui sont, pour moi, une représentation parfaite de ce qui ce fait de mieux au cinéma.
J’en arrive cependant à l’aspect polémique de ce film : les scènes sexuelles, qui si elles ne peuvent en rien résumer l’œuvre d’Abdellatif Kechiche, pourraient-être classées X. Elles sont nombreuses et leurs longueurs sont dérangeantes.
Le sentiment de gène ce fait de plus en plus fort, et frôle par moment l’insupportable. Encore plus lorsque l’on sait le traumatisme que leurs tournages a été pour les deux actrices principales. Durant l’avant première au Cinéville de Lorient, ce vendredi 4 octobre, des spectateurs ne pouvant supporter leur crudité, ont préféré quitter la salle. Regards fuyants et rires nerveux traduisaient également le sentiment de gène intense et collectif. Il est vrai qu’une scène d’amour était nécessaire, mais comme à son habitude Abdellatif Kechiche ne nous ménage pas, explicites, inconvenantes, limite obscènes, elles renvoient une image des relations intimes homosexuelles plutôt négative, le réalisateur cherche à provoquer, au risque de choquer.
Je suis ressortie de cette séance, bouleversée, perturbée mais surtout changée. Ce film n’est pas prêt de sortir de mon esprit, ses gros plans sur des visages déchirés me hanteront encore longtemps. C’est pourquoi je le conseille à tous les amateurs de grand cinéma. Ames prudes et sensibles s’abstenir !
Audrey Belghit