Le Labyrinthe du silence
Durée : 2H04 Date de sortie : 29 avril 2015 Réalisateur : Giulio Ricciarelli Nationalité : Allemande Genre: Drame, historique Avec: Alexander Fehling, André Szymanski, Friederike Becht, Johannes Krisch, Johann von Bülow et Gert Voss |
Synopsis :
Francfort-sur-le-Main, 1958, un procureur nommé Johann Radmann
découvre des preuves essentielles permettant l'ouverture d'un procès contre d'anciens officers SS du camp de concentration d'Auschwitz. Prenant place dans une Allemagne d'après-guerre et faisant face à de nombreuses hostilités, il veut dévoiler la vérité à tout prix et lever le voile posé sur ce camp de la mort afin que les allemands ne fuient pas leur passé. Son enquête amènera alors le «Second procès d'Auschwitz», visant 22 SS et se déroulant entre décembre 1963 et août 1965.
Réalisateur :
Giulio Ricciarelli est un réalisateur, producteur, acteur, metteur en scène et scénariste allemand (plutôt complet niveau ciné le monsieur) d'origine italienne et âgé de 49 ans, il nous offre ici son premier long-métrage. Ayant principalement fait ses débuts en réalisant des courts-métrages comme «Vincent» en 2005, «Love it like it is» en 2008, «Lights» ou encore «Le flic au feu rouge» en 2010, Ricciarelli accumule les nominations dans les festivals européens (neuf au total) mais ne remportera des prix qu'avec son dernier film «Le Labyrinthe du silence», sorti en Allemagne fin 2010, pour lequel il remplace la comédie dramatique habituelle de ses œuvres au drame historique.
Critique :
Ce film est poignant, bien foutu et intéressant. Pourquoi ? Peut-être parce que ce film sort sur une année symbolique : les 70 ans de la libération et de la défaite du nazisme. En plus de traiter un tel procès qui a lieu dans les années 60, on se rend compte qu'actuellement c'est Oskar Gröning, le «comptable d'Auschwitz» qui est jugé pour complicité de 300.000 meurtres agravés. On assiste à un film qui se fait prélude de cet événement à l'heure actuelle et auquel on a toujours du mal à y croire après tout ce temps.
L'histoire est donc directement inspirée du «Second procès d'Auschwitz» et se situe dans une société qui refoule et qui fuit le nazisme ainsi que ses crimes commis, toujours impunis. Nous suivons des personnages réels comme le procureur Fritz Bauer ou le journaliste Thomas Gnielka, mais le personnage principal qui est Johann Radmann (Alexander Fehling) a été inventé en regroupant trois procureurs sur le procès en un seul homme. Et c'est une très bonne idée : par ce procédé, Guilio Ricciarelli raconte une histoire basée sur des recherches, sur une enquête complète avec énormément de précisions et la transpose à l'écran en la dramatisant, c'est-à-dire en simplifiant quelques éléments ce qui conclut à réduire le nombre de protagonistes. On s'attache beaucoup plus au personnage, on capte bien son enjeu moral sans que d'autres viennent s'emmêler avec l'histoire et la rendre trop chargée. La performance d'Alexander Fehling, jeune homme au look aryen (ils ont pas fait un casting au pif, croyez-moi) peut sembler terne et simpliste mais il est pile-poil dans le ton de son personnage.
La mise en scène est majoritairement académique même si quelques plans sont intéressants et rythmés, elle fonctionne toujours sur les dialogues (champ/contre champ) mais HEUREUSEMENT qu'est-ce qu'ils sont bons ! Le film entier se déroule dans des décors des années 60 et surtout dans des bureaux, ce qui implique une atmosphère cloisonneuse, des inserts sur des tonnes de dossiers étalés, des gros plans sur la goutte de transpiration qui coule depuis le front de Radmann..... et un film loooooooooong (quand on sait qu'il dure deux heures, on peut avoir peur). MAIS au contraire, les dialogues et les acteurs nous sauvent de l'ennui avec des textes qui font réfléchir, qui sont cohérents sans qu'ils soient trop lourds de sens et qui rendent les scènes très intéressantes.
Le travail sur la bande son, principalement composée par Niki Reiser, offre au film une réelle intensité dramatique (je pense particulièrement à une scène que j'ai trouvé saisissante) avec un thème qu'on retrouve plusieurs fois, aux bons moments.
Le résultat donne un film typique du drame historique concentré sur l'Histoire (avec un grand H) et m'a personnellement touché tant par la force de certaines scènes que par la vérité et la réalité de ce film. La mise en scène est à mon sens simple mais efficace : je ne me suis pas ennuyé. Je me suis intéressé et je me suis posé des questions sur le monde d'aujourd'hui et de demain. Voilà ce que Giulio Ricciarelli a réussi à faire pour son premier long-métrage : un film passionnant.
Ma note Speed : SSSSS
Florian