Vieilles Charrues 2011 - Conférences du vendredi

 

 

Une nouvelle fois nos aventuriers ont affronté les pires catastrophes : problème de matériel, froid, pluie...pour vous apportez comme sur un plateau le meilleur de la journée et tout particulièrement le compte rendu des interviews comme si vous y étiez...

 

 

Soprano

Peu avare d'anecdotes, le chanteur de « Regarde moi » nous a parlé un peu plus de sa musique, ses tournées et son engagement. Tout d'abord son nouvel album « La colombe et le corbeau » est assez particulier même dans son titre. Celui ci ne symbolise pas le bien et le mal comme il serait facile de le penser mais ses 2 côtés artistiques: d'un côté des textes posés et réfléchis et de l'autre des performances qui font bouger.

Pour autant, il nous avoue avoir une troisième face plus reggae comme le montre son duo avec Tikken Jah. Il nous confie que son clip tourné au Vélodrome a été un vrai moment fort pour lui et ces amis fans de foot marseillais (c'est un pléonasme, je sais). Ils ont été jusqu'à prendre de la pelouse et la mettre dans leurs poches comme souvenir.

Les Vieilles Charrues ne sont qu'une étape d'une grande tournée même s'il garde un souvenir excellent de sa venue en 2006 et qu'il est fier de partager la programmation avec Snoop Dogg, sa première inspiration, dont il admire la longue carrière et les tournées qui vont jusqu'à Hong Kong. Pour autant, le rappeur marseillais peut se vanter d'un public international, de l'Allemagne à la République Tchèque. Il revient d'Algérie,du Congo, du Cameroun et de Côte d'Ivoire où le président les a même remercier en tant que premiers occidentaux à dépasser un passé douloureux pour faire revivre le pays qui a soif de changement.

A travers ses textes travaillés, Soprano dénonce un écart de plus en plus énorme entre les classes sociales qui produit l'impression de 2 France qui ne se comprennent plus. Pour lui, la cause vient des politiques qui se permettent de plus en plus d'amalgames et dont les débats sur la laïcité ou l'identité nationale n'abordent pas la vision de la « France d'en-­bas ». Cette incompréhension permet la récurrence de phrases datant d'il y a 50 ans et entraîne la « décitoyennisation » de plus en plus de jeunes dans les quartiers. Le chanteur avoue forcer le trait en parlant de braquage dans « Regarde-­moi » mais pour lui, l'avenir bouché des jeunes pourtant diplômé entraîne toutes les dérives. Sa solution pour la disparition de la peur de l'autre est de renouer la communication. Un message utopique mais important à passer à la génération Internet.

Pour autant, il reste attaché à ses origines comoriennes, qu'il reconnait comme un pays du tiers-­monde extrêmement défavorisé où en tant qu'artiste, il se sent obligé d'aider diverses associations mais surtout de faire des featurings avec des artistes locaux. Faire découvrir grâce à sa notoriété des talents lui paraît très important, il projette même une compilation de ces échanges en freestyle de tous les pays. Il rejoint ainsi l'action de Magic-System qui a ouvert une école grâce à leurs tournées.

 

  

 

Stromae

Le petit chanteur qui monte jusqu'à faire la première partie des Black Eyed Peas mais qui sait rester modeste puisque comme il le dit, des merdes peuvent lui arriver même devant 3000 personnes comme aux Eurockéennes où un problème technique a imposer un blanc à toute la salle. Un véritable emballement médiatique qui à commencé avec « Les leçons de Stromae », où il faisait sa promotion avec auto dérision assez proche de la télé‐réalité. Stromae a imposé un style de dance aux paroles lourdes de sens, réalistes car il voulait s'éloigner des thèmes bateaux, l'amour, les piscines et les limousines. De nombreux thèmes « sérieux » qu'il n'a pas vécu mais observé et retranscris comme « Dodo », certainement le titre le plus dur de l'album , où il traite des yeux d'un enfant les sujets habituellement tabous.

L'artiste est habituellement comparé à Jacques Brel du fait de ses origines bruxelloises et son interprétation sur scène, où il « joue » beaucoup. Pour autant, Stromae évite les reprises de ce monstre sacré de la chanson française, celles ci étant trop attendues et où il risquerait de se noyer. Il préfère travailler avec Arno, un musicien avec lequel il surprends et évite les sentiers battus. Le concert de ce soir est un vrai défi, car même si c'est presque un spectacle breton, cette version écourtée (festival oblige) devra convaincre avec les titres de l'album dont t sont connus depuis presque 2 ans. Un nouvel album est prévu orienté plus afro et latino avec une dimension en plus, s'éloignant des recettes qui ont marché pour le premier. Cette nouvelle approche lui a été apporté par les concerts qui ont modifié sa vision du public principalement clubbeur. Il est attendu au tournant, et il le sait.

 

  

 

Eddy Mitchell

Portant fièrement ses 69 ans et demi, Eddy Mitchell nous offre pour sa dernière tournée, une conférence agréable et chaleureuse. Il y a peu de domaines auquels il n'ai pas touché, de l'illustration d'une pochette de disque au cinéma et au théâtre. Même si cette dernière discipline ne l'a pas vraiment passionné, c'est pour lui une bonne expérience avec Cécile de France mais il trouve cela « trop poussiéreux ». Il préfère le cinéma, son prochain projet étant une comédie avec Chatillez où il voyagera en Nouvelle-­‐Zélande. Il est déjà relecteur de la série « Chez Maupassant » sur France 2 et est apparu dans un des Blueberry.

L'artiste a partagé avec nous ses souvenirs de Gainsbourg, de ces anciennes chansons, de la langue des signes en vigueur chez les arrangeurs américains et enfin de son dernier passage aux Vieilles Charrues, très émouvant avec 50000 personnes qui reprenaient son tube. Cette tournée d'adieu lui permet de « retenir le temps » même s'il met fin à sa carrière live en privilégiant les albums pour « pas faire celle de trop ».

Pour autant, ce rockeur vétéran n'a pas perdu de son mordant, répondant à un journaliste que même s'ils jouaient sur la même scène, il ne savait pas ce que chantait David Guetta et que décidément les programmateurs avaient un peu bu le soir de ce choix.

 

  

 

The Octopus

Le groupe vintage jusque dans ces favoris qui a été révélé l'année dernière par le tremplin des Jeunes Charrues à l'unanimité revient cette année sur la grande scène. Pour eux ce n'était pas un « rendez‐vous pesant » malgré la pression d'être confrontés aux attentes que les Vieilles Charrues avaient fondé en eux. Ils viendront néanmoins jetés un coup d'oeil aux « Jeunes » de cette année bien que pour eux la musique ne peut pas être une compétition. Ils restent attachés à ce festival qui permet de profiter de tous les groupes.

Ce groupe français a choisi de chanter en anglais mais cette langue très rythmique les oblige à une articulation particulière et à des exercices techniques de chant. Leurs lacunes en anglais les obligent à des répétitions, des phrases martelées vu qu'ils composent la musique avant de travailler les paroles. S'en dégage une impression de Téléphone, ils joueront d'ailleurs bientôt avec Louis Bertignac.

Ce groupe énergique travaille en studio mais surtout joue dans les bars comme ceux de leur ville natale, Douarn. Pour eux, le premier réseau social c'est les concerts. Ils essayent de retrouver le son d'une époque, et pas que le son: les favoris, l'adoration des vinyls et l'omniprésence des cymbales peuvent qualifier leur musique de rock vintage.

 

  

Rechercher