Whispering Sons
Le groupe Belge Whispering Sons était de passage à Lorient pour présenter son nouvel album, Several Others, dans le cadre du festival les Indisciplinés organisé par l’Hydrophone. Après un premier EP, Endless Party, le groupe, composé de 5 musiciens, sort son premier album, Image, en 2019 et se fait un nom sur la scène européenne post-punk/new wave. Pauline a rencontré la chanteuse Fenne Kuppens et en profite donc pour nous parler du groupe et de leur nouvel opus. |
Après avoir discuté avec Fenne Kuppens, la chanteuse et parolière du groupe, on ressent vraiment l’authenticité de leur style. Lorsque l’on écoute les paroles de leurs chansons attentivement, nous pouvons être choqué et surpris par le témoignage poignant et la transparence dont elle nous fait part.
Si pour Image il n’a pas été difficile de construire l’album car la majorité des chansons existaient en dehors de cette structure officielle et avaient toutes été jouées live sur scène, pour Several Others cela a été une toute autre histoire. Après 3 ans d’absence complète, sans avoir sorti même un seul single, Whispering Sons portait sur ses épaules le poids du succès du premier album. Sans s’en rendre compte, la pression d’écrire des chansons dans le seul but de sortir un album était devenue lourde à porter. Comme Fenne nous le raconte, elle s’est transformée en « ce monstre » qui n’arrivait pas à contrôler la pression et qui donc explosait sur son entourage quand elle n’arrivait plus à la contenir. C’est cette situation qui a inspiré la chanteuse pour l’écriture de ce deuxième opus.
Là où Image était plus direct, Several Others est plus travaillé et donc, bien plus subtil, ce qui en fait un bel album très bien construit. Elle utilise des images et des scènes différentes pour nous communiquer ses peurs et ses ressentis. Sur la première piste, Dead End, l’audience est introduite à cette personne qui se positionne presque comme une entité divine. Dans Heat, on fait la rencontre d’un personnage féminin qui se construit, ou plutôt se déconstruit, tout au long de l’album. De Heat à Vision, l’atmosphère cauchemardesque se pose, jusqu’à Screens, dans laquelle la transformation de la jeune protagoniste est définitive : ce n’est plus une femme. C’est dans Aftermath qu’on comprend pour la première fois l’enjeu de cet album : parler des problèmes de santé mentale. Dans l’outro on y trouve notamment 4 lignes très touchantes : There’s never been an inch in which I was myself (Il n’y a jamais eu un centimètre dans lequel j’étais moi-même) / There’s never been a level of self-confidence (je n’ai jamais eu confiance en moi) / Always be someone else instead of yourself (Toujours être quelqu’un d’autre au lieu de soi-même) / So I have been Several Others (donc j’ai souvent été plusieurs autres choses). C’est finalement dans Satantango qu’arrive le déclic : cette jeune femme est devenue Satan, une présence malsaine prend le dessus et ronge les êtres et les âmes.
Several Others est un petit cadeau qui vous emmène dans un univers mystique presque spirituel, dans lequel Fenne se livre librement et entièrement, sans avoir honte du regard des autres. La scène est pour elle un espace public sur laquelle elle peut sereinement expérimenter et transmettre ses émotions et pensées les plus intimes. Le paradoxe est assez amusant mais il donne lieu à des performances intenses et riches de sens.
Whispering Sons est définitivement un groupe à surveiller. Leur style s’affirme de plus en plus et ils n’hésitent pas à aller encore plus dans les tonalités graves avec la basse et la batterie qui devient de plus en plus significatif et affirmé. Il est très important de normaliser les problèmes de santé mentale, et en faire des chansons comme Whispering Sons le fait est un petit pas en avant vers la rationalisation de ces conditions qui sont présentes partout et pourtant cachées du monde.
Pauline