Report: Lords of Altamont

La pure énergie du rock, elle est presque palpable. Elle a renversé le monde, plusieurs fois, avec Presley, les Beatles puis les Stones et Kurt Cobain et les gigantesques vagues qu'ils ont engendré. Jusqu'aux années 90. Les Lords Of Altamont, c'est une dernière survivance de ces groupes qui incarnaient le rock dans toute sa démesure. Speed était présent au Manège pour leur concert évenement. Voici la review, en attendant l'interview tant attendu.

 

Le concert de ces lords d'une autre époque, c'est une dernière communion avec cette énergie qui a donné naissance à Led Zeppelin ou à d'autres Guns 'n' Roses.

Leur concert, la définition d'un espace-temps utopique, aux éternités ayant la rapidité d'un solo de guitares célestes, la création d'une nouvelle dimension où les secondes s'étirent et se rejoignent au rythme d'une batterie intense, d'enfer.

Ils s'amusent des clichés du rock américain, dont ils pourraient exprimer la quintessence, exhibant en toile de fond un ironique Œil de la Providence lanceur d'éclair entouré de symboles ésotériques, portant blousons en cuir marqués de leurs armes dans le dos, jeans slims et cheveux longs. Sans kitsch, ils exhalent le rock'n'roll. Les seules touches de couleur qui se détachent du décor sombre sont les instruments, ainsi mis en valeur, rappelant que derrière leur look de Biker, ce sont avant tout des musiciens : la batterie vert émeraude, la guitare, la basse et le clavier rouge sang du leader, Jake "the Preacher" Cavaliere. Ce dernier, tatoué de la tête (enfin du cou) aux pieds, et portant des lunettes teintées démesurées mène le groupe avec assurance et énergie.

Lorsque démarre leur set, on ne sait plus si ce sont nos jambes ou leur musique qui nous porte. Les morceaux s'enchaînent, rapides, organiques, prennent vie sur scène. Un bon rock bien lourd, teinté par l'orgue de notes psychédéliques.  Les Lords Of Altamont sont faits, existent pour la scène. Capables de faire bouger la tête des hipsters et de déchaîner les vieux alcoolos, dont on ne sait pas exactement s'ils dansent où s'ils font une crise d'épilepsie.

Un d'eux d'ailleurs, qui avaient jusque là entrepris de se cogner méthodiquement la tête sur le sol de la scène, décidera d'apporter un peu plus d'animation et montera sur scène. Il redescend, remonte et se fait pousser en dehors par le manager. Dans sa chute, il l'entraîne. Le manager est pas content, règle son compte en deux coups de poings et repart dans l'ombre du backstage. Ensuite, un génie aux inspirations pyrotechniques lance un pétard à la face de Jake The Preacher, le chanteur et claviériste, qui s'arrête.

 

Dans la foule, des engueulades, des bières qui se renversent. Jake lâche une phrase d'une voix de crooner, "I'm not a nice guy". Son guitariste montre la croix qu'il porte a son cou, gueule, ils sont prêts à en découdre. Jake relance au micro "I'm not a pussy you know". Quand il ôte ses lunettes et laisse entrevoir ses yeux d'un bleu glacé, on s'attend au pire... La tension est palpable, on observe en silence en essayant de d'imaginer la suite avec une certaine curiosité morbide ou du moins de comprendre ce qui est en train de se passer. Tout cela commence prendre l’allure de ce célèbre festival dont le groupe se dit les seigneurs, qui fut perturbé dans tout son déroulement par des violences incessantes. Finalement, la situation se calme, le concert repart, dans une frénésie rock renouvelée.

Le guitariste, aux airs de Slash, joue de son instrument comme d'une mitraillette, plantant ses riffs dantesques dans la profondeur de nos chairs. Pendant ce temps, Jake devenu chevalier sans peur et sans reproche, monte avec fougue sur son haut clavier, portant son micro comme un prolongement de son sexe. L'équilibre est précaire. Cédera, cédera pas, la question se pose. Ce soir-ci, le clavier tient. Jake, de tomber, il doit s'en foutre un peu et s'il tombe, il se relèvera, continuera le show, et rockera !

Nans & Joris

 

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