Corbeaux, puissant et ténébreux

Corbeaux est un groupe de rock du grand ouest dont la particularité est de faire (presque) uniquement de la musique instrumentale. Un son puissant, ténébreux, tantôt lourd et agressif, tantôt planant et hypnotisant, qu'ils balancent à coup de guitares énervées.

Nous avons rencontré trois membres du groupe avant leur concert au Galion.

 

Speedweb : Le nom de votre groupe sonne assez sombre, ce qui reflète l’atmosphère de votre musique, c’était ça l’idée ?

Mickaël (guitariste) : Tout à fait, le nom de groupe n’est pas anodin. On fait une musique qui est sombre et plutôt mélancolique, donc naturellement ce nom là nous est venu. Mais c’était aussi pour le symbole du corbeau, qui peut être quelque chose que les gens peuvent craindre. Il y a aussi le côté indépendant, c’est un spécimen, on va dire, qui fait un peu son truc de son côté et qui a beaucoup de légendes autour de lui... Tout ce côté-là c’est quelque chose qui nous plaisait. (s’adressant aux autres membres :) Les gars si vous voulez ajouter un truc ?

Maël (guitariste) : Oui, si on avait fait du zouk, on se serait appelés Perroquets ou Toucans (rires) mais ce n’est pas le cas !

 

Speedweb : Comment est né le groupe ?

Mickaël : Le groupe est né, au départ, sous la forme d’un trio...

Joris (pas moi, hein, ce Joris c’est le batteur) : En 2009.

Maël : Donc Joris, le batteur, moi je faisais du métal avec lui autrefois, donc il arrive dans Corbeaux, moi je trouve ça chouette et je tape l’incruste, et voilà, début 2010 on arrive en quatuor. En fait on se connaissait tous, on faisait tous de la musique dans des groupes respectifs, à Polarité[s] à Quimper, donc c’est comme les Mapl à Lorient. Donc voilà on se connaissait tous de vue en traînant sur les mêmes concerts et les mêmes festivals, et c’est comme ça que Corbeaux est né !

 

Speedweb : Maintenant vous êtes combien en tout ?

Maël : On est quatre, donc Mickaël à la guitare, moi, Maël, à la guitare aussi, Joris à la batterie et Matt, qui est arrivé chez nous il y a un an et demi maintenant et qui est à la basse.

 

Speedweb : Vous faites uniquement des chansons instrumentales ?

Maël : Presque !

Mickaël : Du coup on ne peut même pas dire chansons !

Maël : Des morceaux instrumentaux ouais.

 

Speedweb : Et pourquoi ce choix ?

Joris : Bah en fait, comme le disait Maël tout à l’heure, on avait tous des groupes auparavant dans lesquels il y avait du chant, que ce soit métal ou plus pop euh... variétés françaises (rires) Je déconne.

Mickaël : Ragga-dancehall !

Joris : Et on écoutait tous beaucoup d’instrumental, post-rock, on découvrait un peu tout ça, post-métal... Donc sans forcément du chant. On appréciait cette musique et on a voulu faire ça. On voulait se donner le défi de faire un truc à quatre sans qu’il y ait cette nécessité du chant, et essayer de combler son absence par de la musique, par des instrus.

 

Speedweb : Et quand vous composez il n’y a jamais un moment ou vous-vous dites : « ah là on mettrait bien une voix !» ?

Mickaël : Pour être honnête, quand on a commencé le projet, il n’y avait pas beaucoup de groupes de rock instrumental dans notre « coin » et nous on trouvait intéressant de faire un truc différent. Au delà de ça, il y a beaucoup de gens qui sont venu nous voir en concert au tout début du groupe qui nous disaient : « ah c’est bien ce que vous faites mais ça marcherait mieux si éventuellement vous embauchiez un chanteur ou si vous vous mettiez à chanter sur des trucs ». Et en fait il y a forcément des moments où on pourrait caler une voix, mais notre démarche est qu’on voudrait faire un peu « crier » les instruments. Mais en tout cas on est pas sur un truc fermé où on boycotte la voix.

 

Speedweb : Et du coup comment faites-vous pour trouver les titres des morceaux ?

Joris : C’est ce qui inspire le morceau. Par exemple le premier morceau de l’album s’appelle Cran d’arrêt parce qu’il a un côté très tranchant, très incisif. Un autre : 7ème Avenue, qui est un morceau un peu plus planant, long, où on peut s’imaginer en train de se balader sur une longue avenue. C’est très imagé...

Maël : Une rue coupe-gorge un peu, quand même !...

 

Speedweb : C’est d’abord le titre qui vient où d’abord la musique ?

Joris : D’abord la zic’ ouais. Mais c’est intéressant comme question, on a jamais composé à partir d’un titre de morceau, ça pourrait se faire...

Mickaël : On compose assez spontanément et du coup les titres viennent après. L’idée c’est un peu même que les gens puissent se faire leur propre histoire dans leur tête, sans trop orienter le propos. On donne une thématique avec le titre. On a même fait le test, à un moment donné, de mettre des photos en projection en fond de scène, mais on a arrêté de le faire parce qu’on trouvait intéressant de proposer un spectacle où on n’ait pas besoin d’artifice autour. On voulait que ce soit nous sur scène, point barre, mais aussi parce que ça orientait beaucoup le propos et on trouvait intéressant que les gens puissent, dans une société où on aiguille tout le temps la manière de penser, s’évader dans un truc où l’imagination et les possibilités sont larges.

 

Speedweb : Comment se déroule la composition, le processus de création ?

Maël : Généralement c’est Mick et Joris qui se pointent en répé avec des plans. On les met en place, on joue tous ensemble et puis ça brode autour. Après, Joris lui est peut-être un peu plus technicien et arrive souvent en ayant déjà enregistré chez lui au préalable.

Mickaël : Le morceau est fait !

Maël : Des fois il est arrivé avec un morceau : « Bim les gars, c’est pondu, essaie de jouer ça, joue ça, ok on teste ! ». Mais même si les gars arrivent avec leurs plans déjà tout pliés, il y a quand même la phase « laboratoire », bœuf, où on joue, on teste, on bidouille quoi !

 

Speedweb : Qu’essayez vous de transmettre au public lorsque vous jouez ?

Joris : On veut qu’ils passent un bon moment, éventuellement qu’ils puissent découvrir la musique instrumentale. Ça nous arrive souvent qu’on se retrouve à jouer devant des gens qui n’ont pas l’habitude d’écouter ce style. Après je ne sais pas si on a un message particulier à faire passer...

Mickaël : On aime bien communiquer avec les gens, les regarder quand on joue et en même temps de discuter avec eux après les concerts. C’est qui est sympa en musique, ce n’est pas juste faire son concert et point barre, c’est rencontrer.

 

Speedweb : Vous avez joué pour les Jeunes Charrues en 2012, que retirez-vous de cette expérience ? Ça vous à aidé dans votre carrière ?

Maël : A un moment, mais c’est bref.

Mickaël : Très honnêtement, ce qu’on a trouvé intéressant sur les Vieilles Charrues en tant que groupe, c’est de pouvoir se produire sur une scène assez grande, devant un public assez massif. Et au-delà de ça, un public qui n’est pas habitué à ce genre de musique, les Charrues ça n’a rien à voir avec des festivals plus indé, comme les Eurock’s. On a trouvé intéressant en tant que groupe de passer par cette phase là, de jouer sur une grosse scène, dans des conditions de festival, avec le stress que ça engendre, le travail que ça demande en amont et puis devant un public qui n’est pas spécialement habitué à voir ça, et de pouvoir essayer de vivre quelque chose. Quand on a fini notre concert, on était ravis de la prestation qu’on avait faite et des retours des professionnels qu’on a eus. On a pu avoir sur six mois, qui ont suivi le festival des opportunités de concert grâce à ce passage là, mais en soi ce n’est pas une fin, les Charrues ne nous ont pas permis de nous développer sur le long terme. C’était plus une phase, dans la vie du groupe qui nous a permis de grandir.

 

Speedweb : Il y avait une fille sur scène, n’est-ce pas ?

Mickaël : Oui, c’était l’ancienne bassiste du groupe, qui est partie il y a un an et demi et qui a été remplacée par Matt.

Maël : Maintenant elle a perdu ses nichons et elle a de la barbe. (rires)

 

Speedweb : Une expérience scénique qui vous a marqué ?

Joris : Y a le festival en Allemagne, devant 8000 personnes, c'était la 43°édition, un festival super vieux, dans la ville de...

Mickaël : Ravensburg !

Joris : On jouait de nuit vers minuit ou 1 heure du matin, un festival où il y avait du monde et on était super bien accueilli, où on a vécu de folles aventures et c'était vraiment cool, une bonne expérience.

Mickaël : Moi je mettrai les Charrues dans le lot quand même, et puis après, chaque concert est différent, tu peux faire un très bon concert techniquement, mais ensuite au niveau du partage avec les gens ou des émotions que t'as, ça va pas marcher et inversement d'autres fois où tu vas jouer un peu moins bien mais où il y aura une vraie énergie.

 

Speedweb : Et vous préférez les grandes ou les petites salles ?

Joris : Oh, les petits trucs comme ce soir ça nous fait chier (rires) mais on a besoin de thunes (autres rires)

Mickaël : Faut dépanner quoi (rires)

Joris : Moi, j'aime bien les grandes scènes...

Mickaël : Pour être honnête, on discutait l'autre jour avec un groupe de Poitiers qui disait préférer les petites scènes, et quand ils faisaient des grosses scènes ils perdaient un peu leur moyens, ils n’étaient pas à l'aise. Nous c'est un peu l'inverse, c'est-à-dire que plus on a de la place, plus on est sur une grosse scène, plus on est à l'aise et au contraire les petits lieux, on a toujours le sentiment de devoir s'adapter au niveau place ; par-contre les deux ont des points positifs, c'est-à-dire que jouer dans les petits lieux, y a vraiment une proximité avec le public, franchement, on aime bien les deux. Mais on s'éclate vraiment bien, sur des grandes scènes.

 

Speedweb : Quant à votre culture musicale, elle est davantage rock ou métal ?

Joris: Un peu des deux je pense...quoique, un peu plus métal peut-être.

Maël : Ouais, petite préférence pour le métal me concernant, même si j'écoute pas mal de trucs différents, mais c'est vrai que c'est le métal qui me fait...

Joris (légèrement sardonique) : Vibrer !

Mickaël : Moi j'ai plus une culture rock, mais c'est vrai qu'ils m'ont un peu converti au métal, j'écoute beaucoup plus de métal qu’il y a quelque temps.

Maël : Après tu vois, avant de venir j’écoutais du zouk dans mon camion donc... (rires)

 

Speedweb : Vous pourriez maintenant nous donner un nom de groupe ou de musique pour votre enfance, pour votre adolescence et pour maintenant ?

Joris : Ah, l'enfance : Nirvana (rires )..., l'adolescence...putain ouais le néo-métal quoi...

Maël : Moi l'adolescence c'est clairement Slipknot avec l'album Iowa, quand j'ai entendu le morceau People Equal Shit, je me suis dit « Putain, c'est quoi ce truc de ouf, ça bourrine, c'est génial »...ça me plaisait beaucoup à l'époque...Enfance ? Un petit Henri Des là, J'Ai Craqué Mon Pantalon En Sortant Du Jardin ou... Iron Maiden, j'avais acheté mon premier CD d'Iron Maiden fin CM2...

Joris : Moi j'ai découvert Frank Zappa, j'ai appris à découvrir en profondeur y a un an.

Mickaël : Quant à moi je dirai : enfance, The Who, Live At Leeds, fin 60 début 70 pour la grosse claque rock et punk, ensuite pour l'adolescence, Radiohead, OK Computer, l'album terrible qui a grave changé...

Joris (légèrement sardonique) : Ma vie !

Mickaël : Ouais, grave changé ma vie, j'ai voulu à plusieurs reprise me donner la mort après ce CD (rires) et actuellement, ce que j'écoute en ce moment ça s'appelle Woven Hand en fait ce sont les anciens 16HorsePower, ils sont programmés au Hellfest et c'est très rigolo parce que à la base, c'est un groupe de folk-rock très sombre et ils se mettent à faire du gros son bourrin maintenant...

Maël : C'est du gros rock texan redneck.

Mickaël : Ouais, c'est ça, des mecs qui jouent avec des bottines, c'est la dernière claque que je me suis prise.

 

Speedweb : Pour finir, une sorte de quiz rock, on vous donne deux noms de groupe et vous en choisissez un. Beatles ou Stones ?

Mickaël : Moi je dis Beatles sans hésiter.

Maël : Tu connais bien les Beatles toi ? Moi j'y connais que dalle en vieilleries.

 

Speedweb : Alors : Lennon ou McCartney ?

Joris : McCartney.

Mickaël : Moi je dis Lennon, sans hésitation.

Joris : Hein ?

Mickaël : Ouais carrément

Joris : Hein !?

Mickaël : Les albums solos de John Lennon !

Joris : Ouais les fleurs tout ça … Nan, McCartney c'est mieux, le plus grand rocker des Beatles.

 

Speedweb : Balck Sabbath ou Pink Floyd ?

Mickaël : Moi je dis Pink Floyd...

Joris : Pareil

Maël :

Mickaël : Mais Pink Floyd, avant The Wall, ça me fait chier après.

Joris : Ouais, le dernier n’est pas génial.

 

Speedweb : Quand c'est devenu instrumental...

Joris : Ouais c'est ça... (rires)

 

Speedweb : Sex Pistols ou Ramones ?

Joris : Ramones

Mickaël : Aaaaaaaah...ouais, ouais, ouais... je dirai Ramones aussi

Maël :

Mickaël : Putain le petit suisse il est au milieu il dit rien depuis tout à l'heure, Maël merde ! (rires)

Joris : Lui c'est Slipknot et …

Maël : Et Korn ! (rire)

 

Speedweb : Bob Dylan ou Neil Young ?

Mickaël : Sans hésiter, Neil Young.

Maël :

Mickaël : C'est plus riche musicalement. Apparemment Bob Dylan il écrit des supers paroles mais sa musique me fait chier en fait.

 

Speedweb : Rock britannique ou américain ?

Maël :

Mickaël : Britannique je dirai, plus...

Joris : Britannique ouais.

Mickaël : On n’aime pas Oasis pourtant. Je trouve que le rock U.S. Peut être un peu cliché par moment.

Joris : Excepté Nirvana.

 

Speedweb : Du coup pour vous, Maël, Rammstein ou Manson ?

Maël : Manson, plutôt (rires)

 

Quelques titres du groupe :

Terrain Blanc live

Sur un fil suivi de 7th Avenue

Nans & Joris

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