Death Engine

L'énergie nihiliste des Who sur scène mais la musique d'un troupeau de pachydermes en rut, les Death Engine ont gratifié de leurs augustes réponses les questions du petit reporter de SpeedWeb que je suis. Retour sur leur musique, leur histoire et les groupes qui ont forgé ce moteur de la mort !

 

SpeedWeb : S'appeler Death Engine, c'est pour instaurer d'entrée de jeu une atmosphère violente ?

Mik : Pas vraiment, un peu, mais derrière Death Engine, y a l'idée d'engin de mort, de moteur de la mort, un truc lancé à 300 à l 'heure contre un mur et c'est malheureusement un peu notre monde, même si on veut être optimiste.

Eric : Plutôt une métaphore de notre société on va dire

 

SpeedWeb : Il y a la volonté de transmettre un message derrière la création de Death Engine ?

Mik : Transmettre un message ? Non, plus un amour de la musique, sinon on ne le ferait pas.

 

SpeedWeb : Et vos influence principales, qu'elle sont-elles ? Davantage métal ?

OL : Non, pas du tout.

 

SpeedWeb : C'est étonnant...

OL : Je pense que j'arrive mieux à jouer une musique que j'écoute pas du tout et écouter une musique que je ne joue pas.

Mik :Non pas qu'il n'y ait pas d'influences métales dans Death Engine parce qu'il y a plusieurs personnes. Mais disons que tout ne vient pas de là.

 

SpeedWeb : Et les groupes qui vous ont forgé ?

Mik : Oh, c'est vaste...

OL : Vous avez du temps ? (rire) Moi personnellement, ça part du rock 60's... même du blues, à l'électro ; et ça va même jusqu'à la musique classique et contemporaine.  Ensuite on est quatre membres dans Death Engine, quatre approches différentes et c'est ce qui fait un peu la couleur du groupe.

Mik : Y a toujours ce rapport amour/haine, on va dire, même entre les membres du groupe, ce qui crée un peu cette tension.

 

SpeedWeb : Vous pouvez nous parler un peu de vos instruments ?

Mik : Nos instruments ?

SpeedWeb : Ouais, le modèle de votre guitare tout ça...

Mik : Alors une Fender Jaguar, une Fender Strat...

OL : ... mais qui ont été modifié, pour faire sonner comme je veux.

Mik : Moi, j'ai une Télécaster Deluxe, modifié aussi et une Duesenberg...voilà, tu veux qu'on t'en dise plus ? Tu sais, on passe plus de temps à jeter nos guitares qu'à y jouer...

OL : On teste d'abord la solidité !

 

SpeedWeb : Vous jouez à un moment du concert avec une baguette de batterie, qu'est-ce que ça apporte en plus ?

OL : Bah, faire du bordel, mais c'est du bordel organisé, c'est-à-dire que ça va faire des slides sur la guitare, mais ça n'a rien de nouveau, j'ai piqué ça à d'autres guitaristes.

 

SpeedWeb : Vous jouez l'intégralité de votre album « Mud » sur scène ?

Mik : Non, y a des titres du premier EP et on joue pas tout Mud, parce que y a deux titres si vous écoutez bien l'album (disponible en écoute libre ici : https://deathenginesound.bandcamp.com/ ) un peu différents, sur Mud, un peu plus acoustique, avec des claviers et qui ne sont aujourd'hui pas fait sur scène. On compte le faire, mais aujourd'hui non, il n'est pas retranscrit intégralement.

 

SpeedWeb : Vous êtes signés sur le label Throatruinner, que vous a-t-il apporté ?

Mik : Alors Throatruinner et Apocaplexy, qui est un label allemand... Throatruinner est un label qui ne signe ni des groupes métaux, ni hardcore, ni noise, plutôt des groupes un peu entre deux, ou quatre ou cinq, ça signifie, quelque chose pour nous une certaine ouverture d'esprit dans le milieu de la musique bruyante.

 

SpeedWeb : Et ce label vous a aidé dans la construction de votre son ?

Mik : Non, par-contre il nous a quand même permis de rencontrer des gens ; et on évolue obligatoirement quand on rencontre des gens. Donc oui peut-être.

 

SpeedWeb : Comment vous définiriez votre musique si ce n'est ni du noise ni du harcore ?

Mik : On nous dit souvent noise, mais les catégories c'est relou. Y a toujours le mot core, hardcore,  ça nous fait un peu chier. On ne vient pas du hardcore, mais vraiment, il n'y a personne de Death Engine qui vient du hardcore et à chaque fois que l'on fait des concerts, il y a ce terme qui revient. On vient du métal pour certains...

OL : Nous on fait du rock.

Mik : Ouais, voilà, rock-noise, après c'est vrai que ça peut paraître violent, du coup on est rangé dans la catégorie hardcore.

 

SpeedWeb : Votre premier EP s'appelle Amen ; vous faites du rock noise chrétien ? Vous y croyez ?

Mik : Enfin une question intéressante ! On a une culture complétement judéo-chrétienne, c'en est un rejet complet. Le titre Amen de cet album est le total opposé de ce que l'on dit, de ce que l'on peut dire ou essayer de dire.

OL : Amen c'est aussi un acquiescement, quand on se plie à des lois ou des règles, ou des idéologies.

Mik : Egalement, mais c'est vraiment un rejet complet, du moins au moment où ça a été fait, de la religion. Chrétienne.

 

SpeedWeb : Pourquoi ce rejet ?

Mik : Oula, t'as du temps ? Comment répondre en deux phrases...

OL : (à Mik) Tu vas t'asseoir sur le canapé... (rires)

Mik : Moi, j'ai baigné là-dedans...

SpeedWeb : Quand vous étiez jeunes ?

Mik : Oui, tout a été fait et ce que ça implique, ce que ça impose à un gamin comme mode de pensée, c'est toute notre critique. Le titre Amen est un titre du quatre titres et n'est que haine de l'autre. Voilà, c'est un rejet complet de cette religion. Après, c'est extrapolé, c'est de la musique on est là aussi pour faire ce qu'on ne fait pas dans la vie et parfois ça passe par des extrêmes.

 

SpeedWeb : Vous pouvez conseiller un groupe pour nos lecteurs?

Mik : Putain un groupe à faire écouter ? Déjà que cinq auraient été compliqués... hier j'ai regardé les clips des Foo Fighters mais...

OL :Moi je dirais Bridge mais c'est cliché dans le milieu où on traîne...

SpeedWeb : Vous pouvez nous en dire plus sur Bridge ?

Mik : C'est un groupe suèdois qui a un peu lancé... quoi d'ailleurs ? On va dire un peu ce métal noir qu'on abuse. Je sors ça mais dès que les gens vont voir ils vont se dire « Bah oui »... donc on va essayer de trouver un truc un peu décalé... Led Zeppelin !

OL : Moi cette semaine j'ai écouté Debussy, c'est vraiment décalé pour le coup et c'est extraordinaire. J'étais dans un contexte en plus...

Mik : Ouais mais tu vas pas nous raconter ta vie !

OL : Non. Mais j'en ai envie quand même alors... (rires)

SpeedWeb : On retrouvera des violons bientôt dans le live ?

OL : En live je ne pense pas, ou alors pour faire de la merde.

Mik : Oui !

OL : Moi j'ai déjà tenté de toucher du violon, mais j'étais trop piètre instrumentiste. Mais après je ne me ferme pas non plus à ça...

Mik : Dans un autre projet, pourquoi pas mais ça sera compliqué de mettre dans des Cds Death Engine, mais ce groupe n'est pas une fin en soi. Cela peut évoluer ou se casser la gueule. On ne se fixe pas de normes de choses.

 

SpeedWeb : Vous tournez un peu en France ?

Mik : Alors en France on évite, parce qu'on a malheureusement beaucoup de mauvais plans en France, alors que dans l'est on est un peu mieux. On revient de tournée là, on a fait 16 dates d'affilée en mars, donc on a  fait la France, la Suisse, l'Allemagne, la Tchéquie, l'Autriche, la Pologne et la Belgique.

 

SpeedWeb : Pour finir et pour clarifier un peu vos références, on va faire un quiz où on vous demande de choisir un groupe entre deux, et de dire pourquoi : Neil Young ou Bob Dylan ?

Mik : Le choix est difficile, mais Neil Young. Il a des mélodies hyper-touchantes et hyper-familières.

Speed : Beatles ou Rolling Stones ?

Mik et Eric : Beatles !

Speed : Beatles ou Black Sabbath ?

Mik : Black Sabbath ! Les 3-5 premiers albums, après, terminé. Mais ouais, toute leur première époque est incroyable. Un nouveau son et plein d'autres choses.

Speed : Ramones ou Sex Pistols ?

Mik : Alors, je crois que ni l'un ni l'autre.

Speed : Le punk, c'est pas votre truc ?

Mik : Non.

OL : Moi je dis les Sex Pistols...c'est ce qui peut donner l'envie de jouer et de s'en foutre.

Mik : Ouais mais les Ramones, je ne connais pas trop et les Pistols c'est un groupe monté. C'est rien de plus. Même si après j'ai beaucoup de respect pour Rotten, vis à vis du reste de sa carrière, mais j'ai du mal avec leur histoire en fait, c'est pas pour moi l'histoire d'un groupe.

OL : Ouais mais c'est vrai que moi c'est plus années 40.

 

Speed : Led Zep' ou Guns'n'Roses ?

Mik : Led Zep ' ! Sans pitié Led Zep' ! (rires) Même si les Guns, quans j'avais 13-14 ans, c'était mon truc... mais Led Zep', parce que Led Zep', parce que je suis fan, et parce que ils ont tout inventé, même si tout était à faire à cette époque. Enfin, ils ont tout inventé...ils ont tout piqué au Blues, ils ont fait des trucs beaucoup plus fort ! Moi je suis hyper-passionné par Led Zep'. C'est vraiment quatre personnages qui à un moment donné se retrouvent ensemble et ont fait ce qu'ils ont fait.  Après ils ont connu la gloire et se sont plantés...et toi ?

OL : Ouais bah les Guns...

Mik : Axl Rose…je voulais ressembler à Slash tout ça...

OL : J'ai essayé, mais c'est Axl Rose qui est remonté !

Mik : Le moule-bite surtout ! J'ai même voulu m'acheter une Les Paul pour te dire, mais j'ai opté pour la Duesenberg...je pense pas me retrouver avec une Les Paul un de ces quatres...

Speed : Du coup si on dit Led Zep' ou Pink Floyd, c'est Led Zep' ?

Mik : Oula !

OL : Alors là moi, non ! Ça va pencher vers les Pink Floyd !

Mik : Moi ça penchera pas sur Pink Floyd, mais OL est très influencé par ce groupe, il écoute ça depuis sa plus tendre enfance et moi c'était plutôt Led Zep', donc nous deux par les disques de nos pères...

OL : Ouais, les vinyles qui traînaient...puis on les met sur la platine et putain...A Saucerful Of Secrets... Ils ont une manière de réinventer les choses, en les poussant peut-être plus loin mais ils ont toujours gardé dans un esprit rock, dans un univers rock-pop, même en expérimentant et en allant dans l'expérimental même, je pense à des albums comme Ummagumma, ils ont réussi à créer une alchimie entre mélodie expérimental et pop-rock. Après je ne parle pas des tout derniers albums...

Mik : Quand moi je serais plus influencé par le riff qui tue et toutes les meufs que tu peux te faire derrière.

 

 

Speed : The Doors ou The Who ?

Mik : Alors les Doors pour le trip, les Who au début, parce que la pop, parce que la furie aussi, pour moi il y a quelque chose entre les Beatles et justement Black Sabbath dont on parlait tout-à-l'heure. Un coté très ados au début et après fou, cassage de matos... moi combien de fois j'ai maté des cassettes des Who... et c'était quoi ta question ?

Speed : Les Doors ou les Who ?

Mik : A part contre les Doors oui, pour le mythe, pour Jim Morrisson. Nan ?

OL : Moi j'hésite...

Mik : 'fin, les Who ils ont fait de la merde.

 

Speed : Lou Reed ou Kurt Cobain ?

Mik : Kurt Cobain !

Speed : Il me semble, y a un son proche de Nirvana dans ce que vous faites...

Mik : Ouais, on est des gamins des années 90, on peut rien y faire.

OL : (au reporter) T'as pas connu ça toi !

Mik : Nous on ne pouvait pas passer à côté... t'as quel âge ?

Speed : 16 ans.

Mik : Bah t'imagines, nous on connaissait Nirvana depuis déjà...moi, merde, j'avais 14 ans quand il est mort. T'étais plus vieux toi !

OL : J'écoutais déjà plus...

Mik : Nan mais c'est vraiment... (pause, réalise ce qu'OL a dit : ) T'écoutais plus ? Ah ouais... (rires) mais c'est ce qui lie tout le monde dans Death Engine, Nirvana.

OL : Oui c'est bien un point commun à tout le monde.

 

Speed : Y a des groupes que vous écoutiez jeunes et que vous n'assumez plus maintenant ?

OL : Oh oui ! ...Carlos (rires)

Mik : Moi, que j'assume vraiment plus... Mass Hysteria. Là j'assume pas.

OL : Moi j'écoutai, FFF... tu peux couper maintenant, ça devient trop intime !

 

Interview réalisée par Nans /  Cliquez ici pour voir d'autres photos du groupe signées Mr G

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