Interview d'Aufgang

Contrairement à leurs prédécesseurs d'il y a deux heures, l'arrivée du duo Aufgang s'est faite plus directement, avec le tact d'un orchestre. Les deux hommes, Aymeric Westrich à la batterie et Rami Khalifè au piano et clavier, ont une allure assez unique, mêlant la classe de musiciens de conservatoire et une certaine attitude rock'n roll. La scène leur appartient entièrement, à eux deux, à gauche un ensemble d'instruments de percussion, à droite plusieurs claviers dont un splendide piano.

 

Concert :

La musique se jouant, nous prenons alors une claque explosive, les deux hommes maîtrisent leurs instruments, ils concordent et forment, au gré de leurs envies, de la douceur, de la violence, de la puissance, de la jouissance... Tant d'émotions peuvent qualifier leur musique dont les chants, portés par les deux hommes, sonnent si particulier, très graves mais mélodieux au sein du mur mélodique déjà à l’œuvre.

Aufgang, en concert, est une expérience allumée qui fera vibrer vos entrailles de par la puissance de la batterie et autres beats, et qui vous provoque des frissons grâce aux chants et au piano, si compté que vous soyez dans l'esprit d'apprécier une telle musique. En effet, il est vrai que, par moments, les chansons de Aufgang puissent se transformer en chaos sonore, si jamais votre oreille est moins sensible au côté expérimental dont fait parfois preuve le groupe. Néanmoins, à voir Aymeric et Rami manier leurs instruments, il est évident qu'ils les maîtrisent et voir ces deux musiciens à l'exercice est déjà, en soi, un très agréable spectacle.

 

Interview :

Comment le groupe s'est-il créé ? D'où vient le projet ?

Rami Khalifè et Aymeric Westrich se connaissent maintenant depuis 20 ans, le groupe est né, lui, en juin 2009, au festival du Sónar. Aufgang avait eu l'opportunité d'y jouer après avoir été invité par James Mills qui avait alors déjà vu Rami et Francesco Tristano (un ancien membre du groupe) jouer. C'est ainsi que le groupe s'est formé. 

 

Quelles sont vos références majeures et vos sources d'inspiration ?

Il y a vraiment beaucoup de références pour le duo. Ils se sont tous les deux rencontrés au conservatoire et Rami est même allé jusqu'à la TheJuilliard School, tandis que Aymeric travaillait sur des albums pour Kery James. Leurs influences sont donc différentes. Aymeric est plus imprégné du rock, du hip-hop et de la musique électronique, ce dernier point est commun aux deux hommes. Rami est plus orienté musique classique et celle orientale.

 

D'où vient le nom du groupe, Aufgang ?

C'est complètement par hasard, lors d'un voyage à Berlin, que les membres du groupe trouvèrent une inscription « Aufgang » sur un immeuble. La calligraphie leur parut assez jolie et sonnait assez bien, mais c'était surtout l'image que cela reflétait qui leur plu. À côté de l'inscription était représenté un escalier ascendant, et cela semblait alors être une bonne représentation de la musique du groupe qui est alimentée de montées, d'accumulations, et ce pour déboucher sur des climax. Ainsi, Aufgang est un nom qui symbolise une montée d'intensité musicale.

 

Collaborez-vous de temps en temps avec Bachar Mar-Khalifè, le frère de Rami ?

À l'origine du projet, Bachar était avec Aufgang mais à la suite de désaccord entre les membres et la production musicale, il fut contraint de quitter le groupe. Autrement, il arrive de temps en temps aux membres actuels de Aufgang de jouer avec lui.

 

D'où vient cette polyvalence musicale dont vous faites preuve ?

Aymeric et Rami ont fait le conservatoire, mais leur expérience s'est surtout formée de par les collaborations musicales qu'ils ont pu faire en dehors. Le batteur a beaucoup travaillé avec des rappeurs comme Kery James, il a aussi pu rencontrer des groupes comme Cassius ou encore Phoenix. Ce sont toutes ces expériences qui ont permis au duo d'évoluer.

 

Comment considérez-vous les concerts en festival ? Sont-ils plus intéressants que ceux en salle ?

Les concerts en salle sont ceux que préfère Aufgang, que ce soit pour les prestations ou pour y voir des groupes. La proximité avec les gens y est plus directe, on y voit alors si le public est réactif ou non, s'il faut aller le chercher. C'est quelque chose d'intime et d'animal en même temps. De par cette proximité, on ne peut pas non plus décevoir les spectateurs. C'est aussi là que le fait de tourner qu'à deux est intéressant pour Rami et Aymeric, car cela leur permet de se confiner et de pouvoir jouer dans de petites salles.

Concernant les festivals, ce sont aussi des expériences géniales. Tout le monde y est saoul et festif. Pour le groupe c'est aussi une exposition, leur permettant de se faire connaître. De plus, aimant le challenge de se dépasser et d'offrir des prestations puissantes, la présence accrue des gens en festival les pousse vers cela.

 

Combien de temps a pris l'enregistrement de l'album?

Une première session d'enregistrement dans le sud de la France a pris 15 jours. Puis il y en eu une seconde de trois semaines à Paris. Grossièrement, cela prit un peu plus d'un mois. Il eut ensuite le mixage à New York pendant trois autres semaines, avec Michael Brauer.

 

Que pensez-vous de votre label Blue Note Records ?

C'est un label d'Universal Music France et c'est la première fois qu'Aufgang a autant de moyens pour réaliser un album. Auparavant ils produisaient eux-même leur musique et cela mettait alors plus de temps. Pour eux, le label est actuellement d'un grand luxe.

 

Quels sont vos projets concernant le futur du groupe ?

Venant de sortir leur album, Aufgang est en tournée, mais ayant plusieurs projets pour la fin 2016, d'autres concerts seront prévus pour l'année suivante.

 

Erwann et Kenan

 

 

 

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