Heureux qui comme Ridan...


 

Pour son concert aux Arcs, Ridan a accepté de se confier au micro du Speed. Il nous décrit sa vision du monde, de notre société et de la chanson bien sûr.

 

 

La lecture et le verbe sont vos passions ? La poésie aussi comme on peut le voir dans « Heureux qui comme Ulysse » ?

On exprime ses joies, ses rages et ses peines à travers l'écriture. On peut aussi traduire les engagements les plus nobles comme l'amour, le mariage. La littérature à plusieurs versants, toute l'interprétation de l'humanité se passe par l'écriture. Dans le sens où par exemple l'acte le plus tragique de l'humanité ce sont les guerres, mais on les conclut avec des traités, donc des mots. Je pense qu'il faut rendre hommage aux mots et tout ce que l'on n'est pas capable de dire à l'oral par des mots, il faut l'écrire.

 

Vous vos références dans la chanson c'étaient Jacques Brel, Léo Ferré entre autres. Quand on commence dans le rap c'est facile de citer ces personnes, de partager ces intérêts ?

Oui, car il y a ce dénominateur commun, les mots. Faire une chanson ça peut être simplement des mots mis bouts à bouts. Mais il y a des auteurs qui ont un autre respect pour la dimension des mots et la portée du message et du fond. Donc c'est vrai que Brel, Brassens, Ferré, Regiani ne font pas partie du patrimoine de la chanson française, ils sont la chanson française d'une manière plus vaste.

 

On entend beaucoup dans vos chansons des messages contre le racisme et l'hypocrisie. Vous pensez vraiment qu'en tant que chanteur vous devez transmettre ces idées ?

On me pose souvent cette question, alors j'ai une réponse qui me paraît évidente. Aujourd'hui le rayonnement de la France dans le monde repose depuis deux cent ans sur son patrimoine culturel. Qu'est- ce que la France dans le monde mis à part sa culture ? RIEN. Donc automatiquement, ce qui s'est passé y a deux cent ans on a changé les mœurs, les mentalités, la pensée collective et l'avenir de ce pays par une révolution. Une révolution qui a pris son essence par les idées, les mots et l'art. Si aujourd'hui on me demande si cela a encore du sens de chanter contre le racisme, contre les inégalités ou toutes les formes d'injustices dans ce monde, ça n'a que du sens. En fait plutôt que de se demander si je suis un chanteur engagé, j'aimerais que l'on s'adresse beaucoup plus facilement à ces artistes désengagés. Finalement qu'est-ce que l'art s'il est désengagé.

 

Quel regard vous avez sur la chanson d'aujourd'hui et sur les personnes venues du rap, je pense à Ab Al Malik par exemple ?

Je ne peux être que content dans le sens où pour moi le métissage fait partie des mœurs et c'est vrai qu'il arrive plus facilement dans la musique que dans nos habitudes quotidiennes. On croise plus facilement le rap avec la chanson, la soul avec le funk. Et tout ça parait plus naturel que de croiser un noir avec un blanc, ou un arabe avec un juif. On ne croise pas encore tout cela et j'espère que la musique sera un élément précurseur de ce genre de changement.

 

Pour finir, un coup de coeur et un coup de gueule ?

Un coup de gueule ? ... hum j'en aurais beaucoup. Par exemple je ne comprends pas qu'aujourd'hui à notre époque, on ait du mal à positionner l'être humain à sa juste valeur. Que l'on puisse le voir sans tous les fléaux qui pourrissent les hommes.

Un coup de cœur, j'ai encore du mal à en trouver. Le seul coup de cœur historique et incontournable c'est vous le public. Un chanteur peut exprimer des idées, mais son public les fait vivre.

 

Merci pour cette interview et bonne tournée.

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