Lords of Altamont

Avant de mettre le feu au manège (lien du compte rendu du concert), les américains des Lords Of Altamont bien voulu répondre a nos questions. Rock 'n' Roll, confidences et éclats de rire étaient au rendez-vous dans cette interview.

  

Speedweb : Quel symbolise pour vous le festival d'Altamont ?

Jake Cavaliere : Les concerts qui se sont déroulés sur la piste d’Altamont, étaient dans l’esprit free-love, dans la lignée de Woodstock. Cependant, il y a eu un drame, aperçu dans un film documentaire (Gimme Shelterndlr)... Pour moi, c'est la fin du summer of love et un nouveau point de départ, une révolution pour une nouvelle musique et une nouvelle façon de penser. Aux États-Unis, et partout dans le monde, des gens ont commencé à se lever. Je pense qu'on peut encore le voir aujourd'hui. C'est très symbolique pour moi, c'est devenu le nom du groupe ; les temps ont changé mais ça a existé et je le ressors pour en parler. De fait des gens regardent notre groupe et y voient une autre symbolique, à la connotation négative, et disent : « Oh my god, comment pouvez vous utiliser un meurtre » et pensent à de la provocation...

 

Speedweb : Pensez-vous comme Gene Simmons que le rock est mort, ou plutôt comme Neil Young, qui dit que le rock ne mourra jamais ?

Jake : Gene Simmons a dit que le rock était mort ? Le rock est sa putain de cashmachine ! What the fuck ?

Rob Zim : J'ai lu cette interview où il le disait, mais il faisait là davantage référence à l'industrie musicale et au rôle du rock dans l'industrie musicale, dans le sens que les groupes de rock dans les 70's pouvaient devenir immenses, ce qui s'est passé pour Kiss, ou plusieurs autres groupes...

Jake (aux journalistes) : Tu devrais être prudent à propos de ce que tu dis sur Kiss par ici... (rires)

Rob Zim : Cela signifie qu'il est très difficile aujourd'hui d’avoir un succès planétaire quand on fait du rock, comme maintenant les Foo Fighters peut-être, dans le nouveaux groupes, même si ce n'est pas vraiment du rock (rires)... je veux dire, un groupe qui remplit les stades. Dans le sens qu'il y a moins de succès ces temps-ci...et que la situation s'empire.

Jake : Neil Young, je ne suis pas sûr de ce gars (rires)... Le rock est ici pour rester...Aussi longtemps qu'on sera là pour le maintenir en vie. Vous savez, chaque jour il y a une nouvelle personne pour découvrir le rock'n'roll, que ce soit à travers le punk-rock, le metal, la soul, le grunge-punk, et de là descendre au blues rock'n'roll, le noyau véritable du rock.

 

Speedweb : Vous désirez davantage faire revivre la musique de l’âge d’or du rock, ou vous préférez une évolution de la musique rock  ?

Jake : Clairement, une évolution. Pour moi, cela consiste à prendre tous les éléments du passé et à en faire quelque chose aujourd'hui. Préserver une mémoire, montrer aux gens des choses faites par certaines personnes qui ne font plus de musique, sont mortes ou ont changé, qui ont de l'importance pour nous, qui ont existé dans le passé et que nous voulons maintenir en vie.

Rob Zim : Cela se fait à travers la pratique, tu n'y penses pas avant que tu le fasses. Tu prends juste ce qui te vient du passé.

Jake : Oui je pense que tu peux te considérer chanceux que les 60s existèrent, que les 50s existèrent, que les 40s existèrent et je suppose les 70s aussi (rire) mais seulement la bonne partie des 70s, pas la partie disco.

Dani Sindaco : Le disco a existé pour nous donner quelque chose à haïr !

 

Speedweb : Jake, vous êtes appelé le prédicateur (The Preacher), que prêchez-vous donc, à travers votre musique ?

Jake : Et bien, généralement, tout sauf la politique. Nous voulons juste faire la fête, que vous preniez du plaisir à nous voir, on veut transmettre une énergie, on veut que vous criiez,  on veut que vous sautiez, on veut que vous hurliez, que vous dansiez, que vous vous foutiez de ce qui va pas, de ce qui se passe au Moyen-orient, aux USA... On veut que tu te préoccupes juste de qui y aura dans ton lit ce soir. Pour cette heure et demie, que tu vives une putain d'extase, c'est tout ce à quoi on se préoccupe. C'est tout ce que je prêche. On parle un peu de tout ce qui est dark side, d'aliénation mentale, de ce qu'on a expérimenté hier, ce qu'on trouve à la frontière de la folie et de la passion sûrement.

 

Speedweb : Est-ce qu'être un motard est essentiel pour être une vraie rockstar ?

Jake : Well, le régime de vie du biker et celui de la rockstar sont parallèles, je pense, c'est la même chose, on aime les mêmesputain de choses ! Pour dire ça de façon crue, je dirai que notre truc c’est sex, drug and rock ‘n’ roll ! C'est un mode de vie hors-la-loi. Encore une fois on fait sur la scène une putain de fête, personne peut nous arrêter, comme des bikers. Je suis un peu introverti hors de la  scène, j'adore les gens mais je suis un petit peu timide dans le même temps, et c'est un peu symbolique du style de vie des bikers, également, ils sont solitaires.

 

Speedweb : Vous avez été des membres de grands groupes de l'histoire du rock, comme les Fuzztones...

Jake : Yeah, les Who et les Rolling Stones (rires)

Speedweb : ...The Cramps aussi...

Jake : Oui, moi-même personnellement, je n'étais pas membre du groupe comme le batteur et le premier guitariste l'était,  j'ai travaillé pour les Cramps pendant de nombreuses années, mais juste en tant que manager...mais j'ai prétendu appartenir au Cramps (rires) and The Fuzztones oui, ça a été une très bonne expérience parce que je les ai rejoint à 18 ans, j'ai 24 ans maintenant, c'est assez loin maintenant donc... (rires)mais tout ces gars (les membres des LOA ndlr) ont un passé de rocker !

 

Speedweb : Comment s'est fondé les Lords Of Altamont ?

Jake : J'ai fait partie d'un groupe pendant 8 ans et qui a connu un bon succès, vous parliez de Gene Simmons dans le business musical, c’était pareil, on on a tout fait, ça nous a rapporté de l'argent... Mais on est devenus vraiment las de tout ça... Le même trou de pigeon, on devait être comme en 1963, la west coast surf guitar tout le temps... Mais dès qu'on rentrait dans la voiture, on écoutait Love ou Music Machine, et en studio ils disaient « Qu'est-ce qui se passe bande de bites ? » on jouait ça pendant 2 heures et on s'est dit « Fuck, on doit changer, on doit changer ! » et le groupe s'est dissous, et je me suis dit, « vas-y fais quelque chose, fais juste ce que tu veux ! »

 

Speedweb : Excepté vous, tout les membres du groupe ont changé avec le temps, comment cela s'explique-t-il ?

Jake : Hum, ce n'est pas intentionnel...la plus grande raison est que lorsqu'on a commencé le groupe... je fais une parenthèse sur le surf band encore, j'avais travaillé si dur pendant 8 ans, et j'ai juste foutu tout ça en l'air et ça m’a brisé le coeur. Donc, quand j'ai commencé les Lords Of Altamont, je me suis dit que je ne reculerai pas, que personne ne me dira que je ne peux pas faire ceci ou cela ...et parfois la vie des gens changent brusquement et les gars avec qui j'ai débuté ce groupe ne sont évidemment plus ici, différents éléments de leur vie les ont empêché de travailler entièrement en tant que musiciens... Donc je peux vous citer chaque membre passé du groupe et vous dire ce qu'il s'est passé pour eux, mais ça pourrait être très long... Vous savez, c'est juste que la vie des gens change, ils viennent, retournent, reviennent. Sur le dernier album, ils ont tous enregistré dessus et c'était une plutôt bonne expérience, c'était sympa de tous les revoir, de les entendre...et le détail amusant, c'est que juste après avoir formé cette line-up, la moitié des membres ont voulu revenir, mais les gars, c'est un peu tard maintenant !

 

Speedweb : Vous avez beaucoup tourné en France, que pensez-vous du public français ?

Jake : Oh je l'adore, je pense que sans le public français il n'y aurait pas beaucoup d'import pour les Lords. Bien sûr, on est allé en Italie, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, au Pays-Bas, on a fait les États-Unis enfin, une fois dans l'année ; mais quand on est en France on n'a pas envie d'aller autre part. On a un très bon label,  qui s'occupe de nous faire tourner, qui nous permet de jouer dans des gros festivals, avec d'autres gros groupes, de rencontrer et de voir beaucoup de gens également et on a un très bon imprésario qui vient de Paris aussi. J'ai rencontré des imbéciles comme Johnny Hallyday aussi, ce connard ! (rires)

 

Speedweb : Que pensez-vous du rock français ?

Rob : Serge Gainsbourg ! On aime bien le groupe qui joue avant nous aussi ! (Pan, ndlr)

Jake : Fucking yeah ! J'aime bien ces gars ! … Mais le problème avec les groupes français, c'est que s'ils chantent en français, ils n'auront de succès que dans leur propre pays et ils ne pourront pas sortir hors de France. Le rock français ne peut pas faire le tour du monde, si tu chantes en français et que tu vas même en Espagne, ça ne pourra pas réellement marcher ! Si tu écris une chanson que le monde entier est susceptible d'aimer, en français, ça sera difficile de l'imposer...

Dani : Il y a quelques bonnes productions en France, comme The Elektrocution, des gars réellement cools et qui sonnent un peu comme les Hives. Et ils chantent anglais et français !  Et The Thugs ! Vous connaissez The Thugs ?

Speedweb : ...euuuuh...

Jake : Ils viennent de la fin des seventies, et du début des eighties. (Plutôt 90’s en vérité, ndlr)  Je les écoute continuellement ces temps-ci ! Putain de bon groupe !

 

Speedweb : Que pensez-vous de Kayne West ? Il s'agit plus pour vous d'un escroc ou d'un visionnaire ?

Jake : Fuuuuuuuuuck ! (rires) Écoutez, j'ai aucune idée de ce que ce gars est en train de faire, il peut dépenser des millions pendant qu'il pète au toilette ! (rires fins) Je l'ai vu une fois à cette émission, le Saturday Night Live, en train de faire son...art, son rap, et il chantait allongé sur le dos, dans une sorte de tente avec de la lumière qui flashait sur les côtés, et il s'est levé et a continué a chanter...c'est bizarre ! Après, c'est cool qu'il essaye d'être en dehors de ce typique gangsta rap de L.A., d'essayer de faire davantage, mais ouais, j'ai pas beaucoup d'attirances pour tout ce qui est hip-hop ou rap...

 

Speedweb : Vous pensez travailler un jour avec un rappeur ?

Jake : Non, impossible trop de différences, de générations, de style de vie, de la place de la musique dans la vie...Je sais que tous les gosses adorent ce truc, mais je pourrai juste pas être derrière un projet comme ça, je préférerai presque faire du black metal ! (rires)

 

Speedweb : On a une sorte de quizz maintenant, sur le thème du rock américain, on vous dit deux noms de groupes et vous en choisissez un !

Jake : Okaaay !

 

Speedweb : Chuck Berry ou Elvis Presley ?

Jake : Elvis ! Regardez : (montre son bracelet, réplique de celui du King) ‘68 comeback !

 

Speedweb : Ramones ou New-York Dolls ?

Jake : Les Dolls, fucking yeah, les Dolls !

 

Speedweb : Green Day ou The Offspring ?

Jake : Qui ?

 

Speedweb : Green Day ou The Offspring ?

Jake : Offspring ? No comments !!! (rires) Next question !

Speedweb : C’est pas votre truc le punk californien ?

Jake : Est-ce que c'est vraiment du punk (se met à imiter Billie Joe...à geindre en quelque sorte)

 

Speedweb : Neil Young ou Bob Dylan ?

Jake : Oh boy ! Je peux choisir lequel va mourir ? (rires) Neil Young !

 

Speedweb : Pattie Smith ou Blondie ?

Jake : Patti !

 

Speedweb : Vous avez déjà rencontré des personnes, parmi celles que l'on vient de citer ?

Jake : Oh, les Ramones, ouais, et les New York Dolls...Kayne West, pas encore !

 

Quelques titres du groupe :

Save me (from myself)

(Please) Get Back in the Car

Joris et Nans 

 

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